L'Islande plein format - Stage Photo Côte Sud Islande - Photo Aurores Boréales - Stokksnes - Icebergs

Vol Paris/Keflavík. Le vent islandais accueille sans détour. Transfert vers Reykjavík. Premiers pas dans la capitale, encore engourdie par l’hiver. Nuit en guest house, sobre, fonctionnelle. Dîner libre. L’appareil photo reste au chaud. Diner et soirée libre. 

On quitte Reykjavík. Direction le Cercle d’Or. À Thingvellir, les failles s’ouvrent sous les pas. Le sol raconte l’histoire des Vikings, des lois votées, des condamnations exécutées. Lumière hivernale, contrastes nets, reflets sur le lac. Ici, le regard doit trancher. On repère, on compose. Puis vient Strokkur. Le geyser actif. Une bulle, une explosion. Timing serré. Déclenchement précis. Geysir, lui, reste muet. Mais son passé résonne encore : 170 mètres de jaillissement en 1845. Dernier arrêt : Gullfoss. Chute d’eau massive, partiellement figée par le froid. Glace, vapeur, bruit sourd. Cadrer devient un combat contre les éléments. Le froid s’installe. L’œil s’aiguise. Le capteur commence à raconter.

On s’approche de l’océan. Seljalandsfoss surgit, fine et verticale. Possibilité de passer derrière le rideau d’eau. Jeu de contre-jour, silhouette, éclaboussures. Clichés rares, mais conditions exigeantes. Plus loin, Skógafoss. Soixante mètres de chute. Mur d’eau, grondement sourd. Légende d’un trésor caché derrière. Ce qu’on voit surtout : les embruns, les parois givrées, la lumière qui accroche la glace. Si le terrain le permet, on remonte le cours d’eau. Vers l’Eyjafjallajökull. Trente-neuf chutes d’eau à enchaîner. Une à une. Chaque pas, chaque cliché, une mise à l’épreuve. Fin de journée dans la région de Vík ou Kirkjubæjarklaustur. Nuit sur place. Batteries à recharger. Demain, on entre dans le vif.

On quitte Vík. Cap à l’est. Les plaines de Kirkjubæjarklaustur s’étendent, silencieuses, battues par le vent. Arrêt dans les champs de lave recouverts de mousse. Vert acide, noir profond. Images extraterrestres. Plus loin, les jökulhlaup. Crues violentes, brutales, nées des éruptions sous-glaciaires. Sable, roche, glace, tout est charrié vers l’océan. À chaque éruption, la terre gagne sur la mer. Résultat : un paysage plat, immense, tendu. On entre dans le pays des glaciers. À Skaftafell, forêt, cascade, langue glaciaire. Ambiances multiples, contrastes nets. Puis Jökulsárlón. Icebergs dérivants, lumière boréale, silence polaire. L’Islande prend des airs de Groenland. Le froid est partout. Le décor impose. L’appareil ne reste pas dans le sac. Il faut être prêt. Batteries pleines, cartes vides. Chaque image demande de l’engagement. Chaque déclenchement devient un choix.

Retour vers l’ouest. Même route, regard différent. Arrêt sur les plages de sable noir de Vík. Classées parmi les plus belles, mais ce qui compte ici, c’est le contraste. Écume blanche, sable profond, orgues basaltiques dressées face à l’océan. Le décor impose. Le noir et blanc se travaille en couleur. Il faut anticiper, composer, déclencher. L’œil cherche la tension, le relief, le mouvement. Installation dans la région pour la soirée. Le ciel reste incertain. Peut-être, au loin, une lueur. Une danse. Les aurores boréales ne préviennent pas. Il faut être prêt. Toujours.

Aujourd’hui, on marche sur une frontière. La péninsule de Reykjanes repose sur la dorsale médio-atlantique. À droite, l’Amérique. À gauche, l’Europe. Le rift est là, visible, tangible. On s’aventure vers Krýsuvík et Reykjanestá. Sol instable, bulles de boue, fumerolles. Odeurs de soufre, grondements sourds. Le décor est brut, vivant, imprévisible. Il faut cadrer vite, composer avec le chaos. La lumière change, les vapeurs troublent le capteur. C’est une journée pour tester votre réactivité, votre précision. Retour à Reykjavík en fin de journée. Installation pour deux nuits. Le ciel reste ouvert. L’attente continue.

Reykjavík. La baie des fumées. Capitale la plus septentrionale du monde. On s’y promène comme on explore. Ville multicolore, ouverte, brute. La cathédrale, le port, la mairie : chaque lieu offre un angle, une lumière, une matière. À l’intérieur, une carte en relief. Le voyage prend forme. On le revoit, on le retrace. Pause café à Iðnó, vieux théâtre baroque. Puis Harpa, le palais des congrès. Verre, lignes, reflets. Le capteur s’active encore. Au lac de Tjörnin, les oiseaux posent. Canards, cygnes, oies. Peu farouches. Cadrage facile, mais il faut rester précis. Le froid est là, même en ville. Le regard reste tendu. Le soir, on goûte à la cuisine islandaise. Terre, mer, fermentation. Nuit à Reykjavík. Dernière. Le sac est plein. La carte mémoire aussi.