Terre, une invitation au voyage

Rites du Monde : Esprit, es-tu là ?

Estelle Abecassis
Rites du Monde : Esprit, es-tu là ?

Porté par son double sens étymologique de « relier » et « se recueillir », le rite fait partie intégrante de l’expérience humaine en soudant les communautés.

Tandis que le comportement animal est majoritairement dicté par l’instinct, l’homme tente d’agir sur son existence et d’y trouver une cohérence en imitant l’ordre immuable de la nature. Tour du monde de la pratique rituelle.

Druidisme - Celtes

Dans la civilisation celte, les druides sont les gardiens du savoir. Du grec signifiant « hommes des chênes », ils se caractérisent par leur lien sacré à l’environnement, utilisant toutes les ressources de la nature. À la fois juges, prêtres et guérisseurs, ils font appel aux vertus des plantes et aux secrets de la magie. Le gui, qu’ils considèrent comme un remède souverain contre les maléfices, est cueilli à l’aide d’une serpe d’or et récolté par les autres dans un linge blanc, de sorte qu’il ne perde pas ses pouvoirs magiques en touchant terre. Quant aux druidesses, sorcières vénérées des Gaulois, elles possèdent le don de divination : elles tirent leurs présages du murmure des eaux et des arbres, et sont capables de lire la destinée des hommes dans les astres.

Chamanisme - Bouriates de Sibérie

La première trace géographique du chamanisme a été retrouvée en Sibérie. Né dans un environnement de chasseurs nomades, il vise à obtenir les faveurs des esprits. Le chamane, médiateur entre deux mondes, a pour fonction de dialoguer avec l’au-delà. Pour ce faire, il préside des cérémonies rituelles au cours desquelles il revêt une forme animale, utilisant des attributs zoomorphes comme des cornes ou des plumes. Parmi les membres d’une lignée, le futur chamane traverse un épisode de transe dont il ressort plus fort, et c’est la communauté qui le reconnaît alors comme l’élu. Le chamanisme a ensuite essaimé de la Baltique à l’Extrême-Orient, franchissant le détroit de Behring avec les ancêtres des Amérindiens pour atteindre le continent américain.

Shintoïsme - Peuples nippons

Convoquant la « voie du divin », le shintoïsme vénère les forces de la nature et respecte un nombre infini de kami (« êtres d’un lieu supérieur»), des divinités invisibles dont l’esprit peut résider partout. Gardiennes tutélaires d’un lieu, elles séjournent dans une montagne, protègent une forêt, se logent sous une cascade ou se nichent derrière un rocher. Le prêtre shintô, reconnaissable à sa coiffe noire et à sa longue robe blanche, a pour sacerdoce d’être une personne qui « connaît les rites qui donnent prise sur les forces surnaturelles ». Initialement culte archaïque, le shintoïsme irrigue aujourd’hui de nombreux aspects de la vie quotidienne par un ensemble de pratiques et de rites qui cohabitent avec le bouddhisme.

Fétichisme - Ethnies subsahariennes

Au temps des grandes découvertes, le terme fetico était fréquemment employé pour désigner les amulettes des navigateurs portugais, avant d’être étendu à tous les objets que les Européens voyaient chez les habitants des côtes africaines et ayant un rapport quelconque avec des pratiques spirituelles. Le mot « fétiche » qualifie ainsi des objets qui, dans le cadre d’un rituel, sont investis d’une puissance mystique lorsqu’ils sont activés par des dons sacrificiels. Parmi les plus célèbres, on peut citer les masques, les statuettes, les grigris, les cornes ou les os. Mêlant oeuvre d’art et opération magique, ces fétiches permettent de maintenir ou de rétablir l’harmonie entre le réel et le surnaturel.

Vaudou - Haïtiens

Véritable philosophie, le vaudou est une composante essentielle de la culture populaire haïtienne. Originaire d’Afrique de l’Ouest, il est arrivé aux Caraïbes en même temps que l’esclavage. Selon le culte vaudou, il existerait des êtres plus puissants, les simbi, parfois considérés comme les âmes des défunts ou les âmes des premiers hommes. On s’adresse à eux par des pratiques et des rituels proches de la magie, réalisés par les hougan (prêtres) et manbo (prêtresses) : utilisation de sang, de coeurs de poulets, de bougies, et bien entendu de la célèbre poupée. Le sorcier vaudou est souvent représenté avec une face noire et une face blanche, car il n’est ni malfaisant ni bienfaisant.

Animisme - Maoris

Dans la cosmogonie maori, toutes les choses terrestres sont reliées entre elles. Faisant une large place aux esprits de la nature, la croyance maori fait partie de la vaste famille des religions animistes (du latin anima qui signifie « âme »). Elle admet que tout ce qui existe dans la nature (animaux, végétaux, minéraux) est animé par une force vitale reliée au monde des esprits, le mana, l’essence spirituelle. Les Maoris entrent en communication avec leurs dieux ancestraux lors de cérémonies qui utilisent des objets rituels placés sous la garde des tohunga (prêtres). On peut alors faire croître ou décroître le mana par des moyens magiques, et l’utiliser pour le bien comme pour le mal.

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