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Hugo Ayaviri, l’alpiniste bolivien devenu héros national au Pakistan

Hugo Blondel
Hugo Ayaviri, l’alpiniste bolivien devenu héros national au Pakistan

En expédition au Pakistan pendant deux mois, l’alpiniste Hugo Ayaviri, soutenu par Terres d’Aventure, va s’attaquer aux ascensions du Nanga Parbat (8 126 mètres), du Gasherbrum I (8 080 mètres) et du Gasherbrum II (8 035 mètres). Voici son histoire.

Été 2021. L’objectif est atteint. En à peine une semaine, un alpiniste bolivien jusque-là presque inconnu vient de réaliser un exploit. Il est le neuvième homme au monde à réussir sans oxygène les ascensions successives du K2 (8 611 mètres) et du Broad Peak (8 047 mètres). L’histoire d’Hugo Ayaviri pourrait s’arrêter là. Mais pendant la redescente du K2, vers 8 200 mètres, il croise la route d’un alpiniste pakistanais penché sur le corps de son père, Muhammad Ali Sadpara.  

Exténué par son effort récent, Hugo se lance dans une entreprise que beaucoup auraient refusée à cette altitude : aider Sajid Sadpara à descendre la dépouille de son père au camp 4 à 7 600 mètres. Il y sera dignement inhumé. De retour à Islamabad, il est accueilli en héros national. Digne d’un blockbuster hollywoodien, ce scénario a ouvert la voie à une suite. Hugo Ayaviri se lance cette fois dans l’ascension des trois autres sommets de plus de 8 000 mètres du Pakistan 

L’école des sommets 

 Né dans une communauté Aymara pauvre au cœur des Andes, le jeune Hugo n’était pas prédestiné à l’alpinisme. Il regarde avec curiosité “ces hommes blonds aux yeux bleus” équipés de cordes et de piolets qui traversent son village. Que viennent-ils faire ici ? Pourquoi veulent-ils monter là-haut ? La région est connue pour ses hauts sommets. “Hugo avait l’habitude de les accompagner jusqu’au camp de base”, raconte Anne Bialek, sa compagne française expatriée en Bolivie.  

Hugo Ayaviri pose avec le K2 en toile de fond - ©Hugo Ayaviri

A la fin de son cursus scolaire, n’ayant pas les revenus nécessaires pour continuer ses études, il gagne sa vie en devenant porteur et cuisinier sur les expéditions au sommet de l’Illimani (6480 mètres). C’est là qu’il apprend les rudiments d’une expédition. Grâce à ses connaissances en anglais il parvient vite à se faire une place de choix pendant les expéditions. 

Discret et persévérant, Hugo Ayaviri devient guide diplômé UIAGM (Union internationale des associations de guides de montagne) quelques années plus tard. Lorsqu’il rencontre Anne, ils se mettent à rêver ensemble des plus hauts sommets du monde. Le couple forme un duo d’alpinistes brillants et solidaires. Pourtant étrangère à l’alpinisme jusqu’à la quarantaine, Anne est notamment la première femme à gravir les 14 sommets de plus de 6 000 mètres en Bolivie. Elle dirige en parallèle une agence de tourisme locale.  

Style alpin 

“Hugo grimpe en style alpin, en portant toutes ses affaires, sans oxygène”, explique Anne. Il ne dispose d’une assistance que jusqu’au camp de base. En 2021, lors de la première expédition, Anne était présente. Les péripéties administratives liées au Covid 19, les contraintes logistiques et financières ont amplement compliqué l’aventure.

Là, le plus stressant pour lui c’était de prendre l’avion. Une fois en montagne il est serein. Il sait ce qu’il a à faire, c’est son métier, sa passion”, ajoute-t-elle, pleine d’enthousiasme. 

Hugo lors de l'ascension du K2 en 2021 - ©Hugo Ayaviri

Plusieurs expéditions sont actuellement en cours au Nanga Parbat ainsi qu’aux Gasherbrum I et II. Si les fenêtres météo sont bonnes, Hugo peut espérer être au sommet du Nanga Parbat entre le 15 et le 20 juin, puis autour du 15-20 juillet sur le toit des Gasherbrum I et II (le camp de base est commun aux deux, ndlr). S’il a l’énergie requise et que les conditions sont bonnes, il pourra les enchainer. Cela dépendra aussi des équipements posés par les autres expéditions. 

S’il parvient à réaliser ces trois nouveaux sommets, Hugo Ayaviri entrera un peu plus dans l’histoire de l’alpinisme de la Bolivie. “Ici les athlètes sont peu soutenus par le gouvernement. Quant à l’alpinisme, sauf pour les guides, c’est un sport très confidentiel”, conclut Anne. La suite du projet ? Terminer les 14 sommets de plus de 8 000 mètres. 

L’expédition est à suivre sur nos réseaux sociaux et sur notre site internet. 

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