Terre, une invitation au voyage

3 questions à Tafesse, guide Terres d’Aventure en Ethiopie

Marianne Furlani
3 questions à Tafesse, guide Terres d’Aventure en Ethiopie

Tafesse, l'un de nos guides en Ethiopie, nous partage aujourd'hui sa passion pour son pays et entraîne les voyageurs à venir le découvrir.

On connaît la population d'éléphants en Afrique du Sud mais pas en Ethiopie, où peut-on en voir ?

En effet, il existe un parc à l'ouest du pays où l'on peut voir des éléphants ! Le parc national de Chebera Churchura est resté à l'écart des sentiers touristiques, car il est situé à environ 450 km d'Addis-Abeba, or il existe depuis plus de 40 ans ! Il abrite au cœur d'une forêt exubérante, trouée de rivières et lacs volcaniques, des éléphants de forêt, plus petits que les autres éléphants d'Afrique et moins connus que les éléphants de savane. Accompagnés par un guide du parc, on y randonne à la journée, l'hébergement étant situé près de la forêt. C'est un véritable safari pédestre !

Éléphants en Éthiopie

Quels autres animaux peut-on voir en Ethiopie ?

Il y a dans ce même parc de Chebera Churchura des buffles du Cap, des hippopotames, des lions et des léopards, plus difficiles à dénicher. On peut aussi y observer de nombreux oiseaux, comme le traquet demi-roux, l'ibis caronculé, le barbican barré, le loriot à capuchon noir ou encore le corbeau corbivau.

Sur les hauts plateaux, certaines régions au relief escarpé ont été naturellement protégées ; c'est le cas du massif du Simien, qui est le refuge d'animaux extrêmement rares, comme le loup d'Abyssinie, le walia ibex, une sorte de chèvre qu'on ne trouve nulle part ailleurs, et le babouin gélada : son épaisse fourrure qui ressemble à une crinière lui vaut l'appellation de "singe lion".

Babouins géladas dans le Parc du Simien - ©Simien Lodge / Crane the North

De magnifiques oiseaux peuplent les alentours du lac Tana, le plus grand lac du pays, situé à 1840m d'altitude ; notamment le célèbre barbican, endémique de la région Amhara.

Le lac Chamo accueille une impressionnante population de crocodiles du Nil. Alanguis sur la grève par dizaines, ils se prélassent dans une immobilité trompeuse... Plus loin, une anse abrite une colonie d'hippopotames ainsi que des grands pélicans blancs, des cigognes, des ibis, des spatules et des pygargues.

Pélicans blancs, lac Chamo - ©Yann Guiguen

Dans le sud du pays, au bord des lacs, dans les parcs nationaux, et partout dans les campagnes, on trouve de nombreux oiseaux, 830 espèces au total dont une quarantaine d'espèces endémiques. Leur observation est facile et rapprochée, car ils ne sont pas chassés. Beaucoup de mammifères sont également présents : zèbres, crocodiles, hippopotames, gazelles, antilopes, loups, singes...

Le sud du pays est aussi connu pour les peuples qui y vivent depuis des siècles ; comment les aborde-t-on en voyage ?

En effet, depuis des siècles, les Mursis, les Turmis, les Karos, les Hamers, les Dorzes, les Konsos et bien d'autres encore, vivent sur les terres de la vallée de l'Omo. Ils ont développé des techniques sophistiquées, basées sur les crues annuelles du fleuve qui leur ont permis de survivre dans un environnement hostile. Sur ce territoire, l'administration centrale ne contrôle que de petits centres urbains. En dehors, c'est une multitude d'ethnies qui habitent sur des micro-territoires bien délimités et jalousement gardés. La plupart de ces ethnies sont des cueilleurs chasseurs, les autres vivent de l'élevage.

Key Afer, Vallée de l'Omo - ©Yann Guiguen

Par exemple les Hamers sont des pasteurs semi-nomades qui vivent dans une région aride, entre les terres fertiles de l'est et les rives de l'Omo. Ils se déplacent en groupe avec leurs troupeaux de bovins, selon un itinéraire précis et séculaire, établi par leurs ancêtres. Parmi eux, de jeunes hommes armés assurent la sécurité du groupe. Profitant des longues étapes qui rythment leur mouvance, ils cultivent le sorgho ; quand les ressources en eau sont épuisées, ils abandonnent les champs et se mettent en quête d'une nouvelle zone fertile. Ils vivent dans des huttes ogivales de branchages savamment enchevêtrés qui résistent aux forts vents de sable.

Village Hamer dans la vallée de l'Omo

De vocation agricole depuis une ancienne mais dramatique peste bovine, les Karos sont les plus sédentaires de la vallée de l'Omo. Le pays, plat et fertilisé par les crues du fleuve, se prête aux récoltes de millet, de sorgo, de haricots, de bananes et de tabac, agrémentées des produits de la pêche et de la collecte de miel. A Douss, un village qui surplombe une boucle de l'Omo, de nombreuses paillotes abritent temporairement 500 des 1000 individus de cette ethnie.

Depuis une quinzaine d'années, les voies de communications (routes et pistes) ont désenclavé ces territoires, des écoles ont vu le jour depuis 20 ans. A ce jour, rencontrer ces ethnies sur leur territoire, dans les villages, sur les marchés, autour de leurs activités quotidiennes, est la meilleure approche. Les guides locaux facilitent l'entrée en contact et permettent de partager des moments de la vie de ces ethnies, dans un respect mutuel.

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